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G o n e A b r o a d !
18 décembre 2005

Libé et l'OMC

Un accord de compromis à l'OMC Le texte de clôture du sommet propose l'élimination des subventions agricoles à l'exportation dans le monde à la fin 2013. Une déclaration qui ouvre la voie à la baisse des barrières douanières sur la planète. par Christian Losson LIBERATION.FR :  18 décembre 2005 - 16:20 Hongkong, envoyé spécial A quelques encablures de la fin annoncée de la conférence ministérielle de Hongkong, et après plusieurs moutures de projet final, un accord est intervenu entre les 149 membres de l'OMC. Objet de toute les tractations, la question des différentes formes de subventions agricoles a abouti à un compromis. Le texte propose l'élimination des subventions à l'exportation dans le monde à la fin 2013. Une date que l'Union européenne s'est finalement dite prête à négocier, après avoir longtemps refusé de s'engager sur un calendrier. Les pays émergents du G20 demandaient 2010. Mais le leader du groupe -et chef de la diplomatie brésilienne- Celso Amorim, s'est dit prêt à transiger. «En tant que coordinateur du G20, je suis autorisé à accepter le document sur l'agriculture tel qu'il est», a-t-il assuré. Sur le même sujet DANS LES COULISSES DU SOMMET (7 et fin). La journée des migrantes OMC : violentes manifestations à Hong Kong Le Tonga se rebiffe Le principe de la fin des subventions à l'exportation, qui pour l'Union européenne ne représente qu'une petite partie de sa politique agricole commune (2,5 milliards de dollars, soit 5% environ actuellement par rapport au volume total d'aides) est acquis à l'OMC depuis l'été 2004, mais la date reste jusqu'ici en suspens. En échange de cette concession, les Européens réclamaient des restrictions sur les autres formes de soutien à l'exportation agricole dans le monde, comme les crédits à l'export et l'aide alimentaire américaines ou les aides des monopoles étatiques australien, canadien et néo-zélandais. «Mais le parallélisme n'est pas, pour l'instant, vraiment assuré», regrette un représentant français des Jeunes agriculteurs. «Il y a un sentiment de frustration et de mécontentement», relève, de son côté, le Mauricien Madan Dulloo, chef de file du G90, le groupe des petits pays en développement. Dans ce qui justement était annoncé comme «un cycle du développement» au sein duquel un «paquet» spécial devait être assuré aux pays les moins avancés, les pays développés devront s'engager à importer sans droit de douane ni contingent jusqu'à 97% des produits aux PMA à partir de 2008. Un geste qui vise à mieux les intégrer au système commercial mondial, où leur part de marché n'est aujourd'hui que de 1%. L'Union européenne a déjà mis en place un système smilaire en 2001, baptisé «Tout sauf les armes», qui doit entrer pleinement en vigueur en 2009. Mais, en gardant de côté 3% de lignes de produits, les pays riches comme les Etats-Unis ou le Japon, auront tout le loisir de surtaxer des produits qu'ils jugent trop concurrentiel pour le marché intérieur, comme le textile Bangledeshi aux Etats-Unis ou le riz vietnamien au Japon. Enfin, autre traitement qui devait être "spécifique" en direction de l'Afrique de l'ouest, le projet prévoit également l'abolition des subventions à l'exportation du coton l'an prochain, essentiellement américaine, qui lamine les filières des pays du sud et menace la survie de 10 millions de paysans. Mais les subventions à l'exportation pèsent pour environ 250 millions de dollars, quand les soutiens internes s'élèvent à 4 milliards de dollars. "Ces soutiens ont été condamnés par l'OMC et devaient être éliminés cette année", déplore l'association des producteurs africains. «Si les membres ne s'accordent pas sur ce calendrier, on peut se demander s'il existe réellement une équité à l'OMC», se désole un petit producteur du Burkina Faso, en train de découvrir le projet de déclaration finale. «Dans une ministérielle, en général, personne n'est jamais satisfait», raconte un diplomate européen, qui n'a pas l'air de l'être. Les ONG, présentes en masse à Hongkong, elles, ne le sont pas. Et le font savoir. «Les gouvernements des pays riches ont trahi les pauvres du monde par leurs postures et leurs faux semblants, et le fossé entre les promesses et les résultats est lamentable, dénonce le Global call to action against poverty (Gcap), réseau de 150 millions de membres qui s'est notamment illustré lors du G8 de Gleneagles. Faute de réforme substantielle sur les subventions à l'agriculture, les objectifs de réduction de pauvreté des Objectifs du millénaire risquent de rester lettre morte.» Même son de cloche des syndicats, qui, par la voie de Guy Ryder, de la Cisl (Confédération internationale des syndicats libres, représentant 145 millions de personnes), assurent que le projet de déclaration finale «est comme du sel sur une plaie ouverte» pour des millions de travailleurs. Allusion aux propositions relatives au "Nama", l'accès au marché des biens non agricoles, qui réduit les tarifs douaniers, mettra en concurrence frontales des multinationales des pays riches face aux petites "industries locales". «C'est la mort du round du développement», soufflait un représentant Britannique de War on want, tandis que l'ONG catholique Cafod, elle, concluait: «La justice n'a pas été rendue à Hongkong». Economie OMC : violentes manifestations à Hong Kong Même si ce n'était pas Seattle, les manifestants, menés par les paysans sud-coréens, ont tenu tête aux forces de l'ordre toute la nuit. Bilan : environ 900 arrestations, dont deux Français. par Pierre Haski LIBERATION.FR :  18 décembre 2005 - 12:26 Hongkong, envoyé spécial Hongkong s'est réveillé dimanche matin avec la gueule de bois. Des images des violences de la nuit s'étalent, spectaculaires, à la "une" de tous les journaux, et la télévision retransmettait en direct toute la matinée une scène étonnante : trois cents manifestants anti-OMC, essentiellement des paysans sud-coréens, encerclés par des centaines de policiers antiémeutes casqués. En début d'après-midi, ce dernier carré de protestataires de la veille était embarqué à son tour. Le bilan des violents affrontements de la nuit de samedi à dimanche est de 97 blessés, pour la plupart légers, mais surtout quelque 900 arrestations, en majorité des Sud-Coréens, mais aussi d'autres nationalités dont deux Français, le porte parole de la Confédération paysanne, Gérard Durand, et un documentariste qui filmait les émeutes, José Reynes. Le porte parole de la police hongkongaise a souligné qu'ils seraient traités «selon les termes de la loi hongkongaise», sans autre précision. Il est plus que probable qu'ils seront conservés en garde à vue jusqu'à la fin du sommet de l'OMC avant d'être probablement expulsés. José Bové, le porte parole de Via Campesina, l'organisation paysanne internationale à laquelle appartiennent à la fois la Confédération paysanne et les paysans sud-coréens, a justifié dimanche les événements de la nuit comme une «résistance légitime face à l'OMC». «Vous ne m'entendrez pas condamner ce qui s'est passé hier», s'est exclamé José Bové lors d'une conférence de presse tenue dans le Centre de Conférence internationale qui abrite le Sommet ministériel de l'OMC. Pour le leader de la Confédération paysanne, «cette organisation n'a plus de légitimité». Les incidents ont commencé lorsque des groupes de manifestants, conduits par les paysans sud-coréens, les mieux organisés, les plus nombreux et les plus déterminés des protestataires présents à Hongkong, ont tenté de déborder les cordons policiers en marge de la manifestation autorisée du jour. Il s'en est suivi plusieurs heures de confrontation qui ont permis aux manifestants d'approcher à moins de cent mètres du Centre de Conférence internationale. Le Centre a été bouclé, et les déplacements supprimés au point que le Commissaire européen Peter Mandelson ait dû prendre un bâteau escorté par deux patrouilleurs de police pour se déplacer... Si les images de violence ont été spectaculaires, et les perturbations ressenties dans toute l'île de Hongkong où les transports ont été plongés dans le chaos, les deux parties ont paradoxalement fait preuve de retenue et on était loin des scènes vécues à Seattle ou à Cancun, lors de précédentes réunions de l'OMC. José Bové faisait ainsi observer que pas une vitrine de l'opulente Hongkong n'a été brisée dans ces affrontements, pas même celles d'un centre financier devant lequel les manifestants ont finalement été bloqués. La police hongkongaise a, elle aussi, fait un usage limité de la force, très british, ne faisant finalement que des blessés légers qui avaient tous quitté l'hôpital dimanche matin; un traitement aux antipodes de ce qui se passe à quelques kilomètres de là, en Chine continentale, où la police a récemment ouvert le feu sur une manifestation paysanne faisant plusieurs morts. Du côté des organisations paysannes, on estimait dimanche que ce type de manifestations était finalement le seul moyen de se faire entendre. Les ONG ont certes été admises comme observatrices au sein de la Conférence, certains de leurs délégués rencontrent régulièrement les délégations pour faire connaître leurs points de vue, un progrès par rapport à l'époque de Seattle ou de Cancun. Mais au bout du compte, elles estiment être peu entendues. Dans l'univers médiatisé actuel, les images de violence sont les seules à leur ouvrir les ondes télévisuelles : un journaliste d'une télé européenne reconnaissait qu'il n'aurait pas eu de place à l'antenne samedi sans les images violentes de la rue. Dimanche, au parc Victoria, les protestataires se retrouvaient pour une nouvelle journée d'action anti-OMC. Les «survivants» sud-coréens pansaient leurs plaies dans le parc, entourés par une foule d'admirateurs et de supporters. Des milliers d'altermondialistes réclamaient la libération des détenus de la nuit et condamnaient l'action de la police. Pendant ce temps là, les ministres achevaient péniblement leurs travaux, apparemment sans tenir trop compte des manifs de la nuit.
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